nouvelle : parlons émétophobie

Je continue avec une surprenante assiduité mes nouvelles sur la différence. Je ne vais pas vous mentir, je doute que j'arrive à en sortir une d'ici fin août car comme je vous l'avais dit, ces nouvelles vont former un recueil et au sein de ce recueil j'aimerai placer d'autres textes que je ne souhaite pas publier ici. Non pas que je ne veux pas mais ils seraient hors contexte lus seuls. Je pense que tout le monde ne lit pas TOUTES les nouvelles. Bref. Et imaginons qu'un jour ce recueil soit publié, autant qu'il y ait des inédits !

Cette nouvelle "N'oublie pas que je suis là" me touche tout particulièrement car elle parle d'un problème dont je souffre. Putain, c'est fort de le dire sur internet quand même. Devant tout le monde. Mais je sais que vous êtes des êtres bienveillants et que peut-être parmi vous il y a aussi des émétophobes. Bref, cette nouvelle parle de la phobie de vomir. J'ai essayé de retranscrire ce que ça pouvait être au quotidien. Je me suis inspirée de mon expérience personnelle avec comme appui d'autres témoignages de personnes phobiques ou émétophobes (tu te reconnaîtras mon amie). Je précise quand même que ce n'est pas mon histoire et une phobie se vit avec des hauts et des bas. Cette nouvelle raconte une période de "bas"... 
Comme d'habitude, je vous laisse avec le début de cette nouvelle et j'espère qu'elle vous plaira ! J'en profite aussi pour vous remercier pour vos nombreux retours sur la nouvelle précédente, ça m'a énormément touché. Que ce soit sur le sujet en lui même ou sur l'écriture : MERCI
Il n’y a pas que l’ombre de Sarah à la suivre partout. Il y a aussi sa terrible peur. Sauf que sa peur ne change pas avec l’orientation du soleil et ne s’évanouit pas quand la nuit tombe. Elle est toujours là, comme une jambe, comme un bras, contrôlée par une partie sournoise de son cerveau. Tout le monde craint quelque chose, mais tout le monde n’a pas une phobie. Et quand bien même, les phobies standards, les peurs classiques sont souvent comprises par l’extérieur. Sarah se souvient d’une jeune femme qu’elle a rencontrée lors d’une soirée, elle avait peur des chiens. Une phobie terrible ! Cette pauvre fille ne pouvait pas être dans la même pièce qu’un chien, elle appréhendait les parcs, les lieux de promenade, dans la crainte irrationnelle qu’il y ait un chien. Son entourage faisait des pieds et des mains pour lui épargner la moindre rencontre canine. Sa propre mère en souffrait aussi. Ceci explique cela. Pour Sarah, le cas est plus complexe. Cette deuxième vie, cet individu qui la suit et qui contrôle le moindre de ses actes ne lui fait pas craindre les chiens, les araignées, les serpents, le vide ou encore le noir. Lorsqu’elle va chez des amis, quand elle prend le métro, qu’elle assiste à une conférence ou tout simplement lorsqu’elle va à la poste. C’est là. Elle a bien essayé de consulter, mais pour le moment personne n’a réussi à l’aider.
Sarah, je suis là, n’oublie pas tous les risques qui t’entourent. N’oublie pas que ça peut arriver n’importe où et n’importe quand. 
Lorsqu’elle attrape le dernier yaourt dans son frigo, Sarah vérifie la date de péremption. Avant même de s’intéresser au goût, la marque, le fabuleux dessert qui s’offre à elle, c’est la date de péremption qui retient toute son attention. Nous sommes le 3 septembre et la DLC (date limite de consommation) du yaourt indique le premier.

Comme d'habitude, sentez-vous à l'aise de me dire ce que vous en pensez. J'ai hâte de lire vos avis, avec un peu d'appréhension car les phobies sont parfois difficiles à comprendre, cerner, tout ça. Prenez ce texte comme une fiction, comme une nouvelle, puisque c'en est une. 

xx

Commentaires

  1. Bonjour Manon,
    Je découvre tout juste ton blog par le biais de l'article/interview sur le site 18h39 de Castorama, et quelle chouette découverte ! J'ai cliqué sur le premier article en m'attendant à un article sur le minimalisme, la consommation responsable, mais non... Et quelle jolie surprise, je viens de lire une nouvelle très bien rédigée, tout en fluidité.
    Je lis très peu de nouvelles (à vrai dire j'ai dû lire qu'un seul roman de nouvelles), mais je pense lire d'autres de tes nouvelles ce week-end, j'ai vraiment beaucoup accroché.
    Je file continuer la découverte de ton blog.
    A très vite,

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    1. Bonjour Marie,
      Merci infiniment pour ton commentaire ! En effet, je ne parle pas que de minimalisme ou de zéro déchet, je parle de tout et partage mes écrits. Je suis ravie de ton avis, MERCI !
      A très vite <3

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  2. Ah j'attendais ce sujet avec impatience car mon fils souffre aussi de cette phobie ... un ostéo qu'il va voir régulièrement lui a parlé de "peur de parler, de dire " .... en tout cas c'est très très handicapant au quotidien et difficile à expliquer et difficile de le rassurer. Merci pour cette nouvelle qui s'intègre bien dans ce recueil sur la différence.

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    1. Merci beaucoup Gaëlle...
      En tout cas si ton fils en souffre, il faut l'aider à s'en sortir, il y a des solutions, ne jamais abandonner et surtout ne jamais banaliser... vraiment...
      Courage à lui !

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  3. Manon, je te suis avec assiduité mais ne commente que rarement les articles des blogs que je suis. Mais exceptionnellement et parce que je pense que tu es une fille super, je t'envoie un petit message d'encouragement :) . Continue dans cette voie, toutes tes nouvelles sont très bien écrites et chargées de sens! Merci beaucoup, keep going! Je suis certaine que tu arriveras à publier ce fameux recueil! A très vite <3

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    1. Marine, merci 1000 fois pour ton commentaire, ce genre de message me donne de l'énergie, tu ne peux pas imaginer !
      Merci beaucoup <3

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  4. Cécile8/22/2017

    Bonjour Manon,

    J'ai lu tes précédentes nouvelles mais je dois dire que celle-ci m'a particulièrement accroché et permet de mieux se rendre compte de ce qu'est l'émétophobie, que c'est quelque chose de présent en permanence.

    Continues tes nouvelles (et pourquoi pas davantage...), tu as un vrai talent pour l'écriture !

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    1. Bonjour Cécile ! merci beaucoup pour ton commentaire qui me motive encore plus <3

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  5. Coucou, je viens de découvrir ton blog et par la même occasion ta nouvelle. Le sujet est inédit et plutôt bien traité. Tu décris assez bien les sentiments de ton personnage et on en vient presque à être oppressé rien qu'en te lisant.
    Je comprends tout à fait ces sentiments, je ne peux pas dire que je suis émétophobes mais j'ai quelques problèmes de stress qui me donnent la nausée un peu trop souvent ce qui inévitablement me stress c'est un cercle vicieux. Les transports en commun, les transports tout court, les restaurants, les endroits bondés de monde en général... Disons que si j'arrive a repérer un toilette ça va déjà mieux. Tout est stratégique, s’asseoir toujours en bout de table pour pouvoir atteindre les toilettes. Alors bon je comprends assez bien, et pourtant ce n'est pas une phobie, ça n'arrive pas toujours, c'est par période. Mais c'est assez gênant et peu de monde le comprends.
    Courage à toi, les bons moment finissent toujours pas revenir !

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    1. Merci beaucoup pour ton retour ! C'est très gentil <3

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  6. Hello Manon ! Je viens de dévorer tes trois nouvelles l'une après l'autre, et merci elles sont vraiment bien écrite et le fil rouge de la différence est vraiment génial ! Il y a juste qqchose que je ne comprends pas trop : pour les deux premières, la différence est clairement une histoire de choix, et d'ailleurs en introduction de la première tu dis que "chacun fait fait fait ce qui lui plaît plaît plaît" est un peu ton slogan pour ce recueil (mais j'ai peut-être mal compris ;)). Du coup ici, pour la phobie, ce n'est clairement pas un choix... Je ne vois pas trop comment raccrocher çà à "chacun fait ce qui lui plait"..
    Voilà c'était juste pour te partager ma (petite) perplexité !
    Continue, courage, bisous !

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    1. Bonjour Tiph !
      MERCI BEAUCOUP pour le temps que tu as consacré à mes nouvelles et je suis ravie que ça t'ai plu !
      Je comprends complètement ton point de vue et c'est intéressant de voir ton interprétation... Il y a en effet un certain "malaise" entre cette notion de choix et cette notion de "non contrôle de la phobie". J'ai voulu abordé la différence d'un point de vue extérieur. Pour la phobie par exemple il n'est pas possible d'expliquer aux gens le problème... J'ai peur de m'embrouiller moi-même. Je trouve qu'être phobique c'est être différent car pas compris ! Et je trouve qu'un phobique devrait pouvoir faire faire faire ce qui lui plaît plaît plaît le temps d'aller mieux. Au lieu de monter des stratagèmes pour affronter le monde social... que les gens respectent sans jugement... Je te réponds à chaud. Je pense que tu vas me faire cogiter cette nuit et il faudra en effet que je rectifie cette notion. Encore merci pour ton retour et j'espère que ma réponse te semblera cohérente !
      A bientôt !

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    2. Je vois ce que tu veux dire, mais du coup, est-ce que la personne phobique doit s'enfermer dans sa bulle de confort le temps d'aller mieux ? Est-ce que ce n'est pas justement le monde extérieur qui lui permet d'aller mieux ? (comme là par exemple, elle mange le gateau malgré sa phobie grâce à la relation de confiance qui s'installe avec Anastasia, même si la phobie finit par la rattraper). Par contre je te rejoins totalement sur le fait qu'elle est différente à cause de sa phobie qui est très difficile à expliquer et à comprendre pour qqun d'extérieur, comme pour toutes les troubles psychiques, et qu'elle a surtout besoin de compréhension et surtout pas de jugement pour aller mieux. Mais tu vois par exemple, quand j'étais ado j'étais anorexique, et ta description de la phobie dans la nouvelle correspond tout à fait à ce que je pouvais vivre à ce moment là. Mais si à ce moment là j'avais vraiment fait ce qu'il me plaisait, j'aurais arrêté de manger. Et heureusement qu'on m'a emmenée chez un psy même si je ne voulais pas du tout, tu vois ce que je veux dire ?
      Désolée pour le casse-tête ;)
      Bon courage !! ;)

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    3. Mmmh je ne vois pas ça comme une bulle de confort. Notamment au restaurant avec sa famille. Le monde extérieur au contraire la met face à sa situation de "personne dérangée" alors qu'en soit "ce n'est qu'une petite phobie" et pas un trait de sa personnalité... En gros si elle pouvait dire ouvertement son problème sans jugement et qu'il y avait une compréhension du monde extérieur, elle pourrait mieux vivre sa phobie (je pense). Après pour la partie traitement d'une phobie, en effet il faut aller vers des pros et ne pas rester ainsi. Mais une phobie peut ne pas se voir et rester ainsi des années, seule la personne qui en souffre peut agir...
      Merci pour cet échange très intéressant. Je vais me copier-coller cette conversation quand je reprendrai l'entiereté de mon recueil pour sa cohérence ! :-)

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